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Clément va péter les plombs !

Ce cas est tiré des « Supervisions Individuelles » de mes apprenants. Lorsque l’un d’eux est publié sur mon site, il l’est en général pour sa simplicité de mise en œuvre. Ceci afin de répondre aux exigences d’un site destiné au grand public tout en évitant les débordements qui pourraient en découler. Ce cas n’est donc pas représentatif du véritable travail du professionnel qui en est à l’origine. Pour leur correction, je demande à mes étudiants une courte description du cas, les phrases travaillées et leurs évaluations afin de me rendre compte des aspects traités et de la manière dont ils l’ont été (notamment en allant jusqu’à 0 avant de passer à l’aspect suivant) ainsi que leur ressenti en fin de séance en guise d’auto-correction. Bien sûr les prénoms ont été changés. Geneviève


Nom : DESNOYELLES ISABELLE - Praticienne EFT
Temps de la séance : 55 mn - Nombre de séances si suivi : 3

Présentation du cas :

Clément est un jeune garçon de 11 ans (classe de 6ème). Il vient consulter pour des difficultés scolaires. Au bilan, il exprimait : « J’ai peur de me tromper et que les copains se moquent de moi ». Il est scolarisé dans une école privée très exigeante où les professeurs donnent des quantités impressionnantes de devoirs. Je lui avais fait deux séances d’EFT en urgence (entre le 1er et le 2ème module d’EFT) car il était le souffre-douleur d’un autre enfant dans la cour de récréation. Après, il a pu dire « stop » et se faire respecter. Au fil des mois, il a repris une certaine confiance en lui, a progressé scolairement et j’ai senti une colère poindre. Je lui ai proposé de refaire une séance (il n’avait pas souhaité en refaire une jusque là mais se faisait une ronde chaque matin avant d’aller à l’école pour se donner du courage).

Demande de la personne :

I : comment tu te sens à l’école ?
C : « je fais de mon mieux … mais y’a les contrôles surprise… on n’est pas prévenu. J’ai à chaque fois un choc, j’ai les mains moites comme quand on me rend un contrôle.
I : Elle t’en crée des soucis cette école !
C : c’est privé mais c’est pour que j’ai une bonne formation. Ils nous boostent à fond.
I : c’est quoi ton ressenti par rapport à l’école ?
C : il faut que je travaille bien ! Mais, je stresse… J’ai pas envie d’aller à l’école !

Déroulé de la séance (phrases travaillées et leurs évaluations) :

-« Même si j’ai pas envie d’aller à l’école, je... »
Evaluation à 7.
Tout de suite dans la ronde il installe la phrase suivante : « j’aime pas aller à l’école ».
C : je compte les jours… là, il reste plus qu’un jour. Le vendredi soir c’est des minis vacances.
I : ça te fait du bien ?
C : beaucoup ! Je suis mort de fatigue à l’école, je bâille… les dernières heures, je participe pas trop.
-« Même si je me sens mort de fatigue quand je suis à l’école, je... »
Evaluation à 8.
C : je suis crevé quand je prends le bus, je peux à peine marcher ! Et puis je fais une pause goûter de 10 mn et hop, c’est les devoirs (des fois jusqu’à 21H).
-« Même si je me sens toujours mort de fatigue, je... »
Evaluation à 6.
I (pendant la ronde) : je suis mort de fatigue, je suis crevé, l’école me prend trop d’énergie…
Puis : comment tu te sens ?
C : ça change pas… j’aime pas l’école et j’me sens crevé… ça peut pas changer !
I : qu’est-ce qu’il y a comme émotion, comme ressenti derrière cette fatigue ?
C : les professeurs exigeants qui nous disent qu’on n’a pas un niveau de 5ème.
A force, on pète les plombs.
I : et toi, tu les pètes les plombs ?
C : ben, j’essaye de m’intéresser aux cours...
I : Imagine, si t’avais le droit de péter les plombs… qu’est-ce que tu ferais ?
C : ben, je me retiendrais !
I : non, imagine que tu as le droit de dire ou de faire ce que tu veux sans être collé… imagine…
C : ben, j’explique qu’il y a trop de travail !
-« Même si j’ai envie de péter les plombs contre ces profs exigeants, je... »
Evaluation à 8.
C : je me sens en colère.
-« Même si je me sens en colère contre ces profs exigeants, je... »
Evaluation à 7.
C : faudrait changer les lois, il faut rien leur reprocher… faut que je me calme.
I :(je joue un prof exigeant pour le faire réagir dans le sens de son ressenti car derrière ses paroles rationnelles, il bout !)… « j’exige que tu apprennes par cœur tout ton cahier de musique » (c’est un exemple qu’il m’avait cité).
C : laisse-moi tranquille (faut que j’ai une grosse voix !) ou je me casse d’ici (il parle avec une voix toute douce).
I : avec ta grosse voix ! La voix qu’en a marre de tous ces profs exigeants (je lui propose de se déplacer vers un tas de coussins… là, il peut extérioriser sa colère que je titille toujours en jouant le prof. Il rentre bien dans la colère et ose l’exprimer).
On évalue sa colère après : évaluation à 2.
On reprend une ronde.
-« Même si j’ai envie de gueuler : laisse-moi tranquille ou j’me casse d’ici, je »
Evaluation à 0,25.
C : je sens de l’énergie revenir… mais tout ça, j’peux pas leur dire vraiment.
I : qu’est-ce que tu pourrais faire quand tu sens la colère revenir, quels moyens tu peux trouver toi ?
C : au rugby, j’imagine le prof dans l’adversaire qu’est en face…
I : oui, le sport est une bonne idée…
C : j’me défoule en trottinette et j’imagine que la tête du prof est sous la roue et que je l’écrase (là, il « se marre comme une baleine »… enfin ! car il est toujours très « bien élevé »).
I : dans l’imagination tout est possible… oui c’est une autre bonne idée.
C : j’peux prendre une feuille et gribouiller dessus…
I : oui, ça peut être pratique quand il pleut !
Si tu ne gardes plus ces colères en toi, peut-être tu seras moins fatigué.
C : oui, je me sens plus fort (et là, il me raconte tout content que sa prof de français l’a félicité de ses progrès)… Là, elle a bien réagi !

Mes commentaires (mon ressenti de thérapeute sur la séance) :

Clément doit faire avec ses profs… il n’a pas le choix. C’est pourquoi il m’a expliqué qu’il laissait la dernière évaluation à 0,25 car ça ne peut que recommencer. Un adulte peut changer de milieu professionnel si ça ne lui convient pas (enfin dans l’absolu, oui !). Plus j’avance avec les enfants, plus je me rends compte du stress énorme que leur fait subir l’école et qu’ils doivent gérer.
Faire exprimer la colère en tapant dans des coussins … Coupler à l’EFT, c’est vraiment intéressant pour les enfants … et là, pour Clément, le geste l’a vraiment aidé pour trouver le ton juste de sa colère et l’oser.

Commentaires de Geneviève :

Intéressant de voir comment Clément s’est approprié l’EFT au quotidien suite à sa rencontre pour un problème de cours de récréation.
Comment exprimer sa colère ? Cela peut aussi se faire sans coussins dans d’autres situations où on n’en a pas sous la main... en imaginant. Notez au passage les autres astuces que vos enfants peuvent utiliser... Concernant le 0,25 en fin de séance, j’émets quelques réserves. En effet, il n’a pas le choix par rapport à ses profs, mais il peut choisir de vivre la situation plus sereinement et de ne pas perdre toute cette énergie dans une situation semblable.
Par ailleurs, s’attendant lui-même à ce que cette situation se renouvelle, elle se renouvèlera forcément, surtout qu’il reste une énergie à 0,25 qui ne demande qu’à grossir...




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